lundi 4 novembre 2019

Nasser Zefzafi enregistre un message audio de la prison marocaine de Ras El Ma






Depuis le Jeudi 31 octobre un enregistrement audio est largement partagé sur les réseaux sociaux. Une voix claire, forte, un arabe littéraire parfait parsemé de dialecte marocain, c'est Nasser Zefzafi qui parle, cet audio a fuité de la prison Ras El Ma à Fès où il purge une peine de 20 ans. 
Il réagit à ce qu’il appelle un "crime odieux" à savoir le groupuscule qui a brûlé le drapeau marocain en marge de la manifestation parisienne du 26 octobre en hommage au 3ème anniversaire de la mort de Mohcine Fikri
Nasser Zefzafi se désolidarise de cet acte et prévient que quiconque se réclamant du Hirak ne peut en aucune manière user de la violence ou de l'humiliation d'autrui, "nous n’accepterons pas que les sentiments des Marocains soient touchés, que ce soit en brûlant le drapeau national ou des images. Cet acte émane de l’ignorance et la haine de ceux qui veulent devenir légitimes pour parler au nom du Hirak" 
Il rappelle que les revendications du Hirak sont pacifiques, sociales et économiques, "nous ne sommes pas sortis pour brûler le drapeau national mais pour combattre l’injustice ". Il remercie ses soutiens et rend hommage à la presse libre. Il met en garde contre la division du mouvement par le pouvoir et par "les traîtres" infiltrés dans le mouvement.

Nasser Zefzafi revient sur la répression du Rif en 1958. Il réfute les accusations de séparatisme utilisées pour décrédibiliser le Hirak, "Nous sommes sortis pour cette patrie, nous nous sacrifierons pour cette patrie, nous mourrons pour cette patrie"

Il revient sur son arrestation le 29 mai 2017, son viol, les tortures et les conditions de détention inhumaines, "les policiers m’avaient roué de coup, craché dessus, mis à terre et enlevé mes vêtements. Ils avaient sorti leurs organes génitaux pour m’uriner dessus. Ils avaient frotté leurs pénis contre mon visage. Alors que j’étais menotté, ils m’ont mis un bâton dans l’anus" .

A la suite de la fuite de cet enregistrement le directeur de la prison a été limogé et des fonctionnaires suspendus. Nasser Zefzafi et les autres prisonniers du Hirak ont été transférés dans plusieurs prisons. Ils sont à l'isolement pour 45 jours sans visite ni contacts téléphoniques. Les familles parlent d'actes de torture depuis jeudi sur les détenus qui envisageraient une grève de la faim.

Aujourd’hui, 4 novembre, Nasser Zefzafi a 40 ans. A travers cet audio on perçoit un homme combatif qui a foi en la légitimité du mouvement Hirak. 

Le Maroc continue à répondre aux contestations et revendications pacifiques par la répression et par des procès kafkaiens. Plusieurs organisations de défense des droits humains ont pointé l'inquiétante augmentation des prisonniers politiques depuis l'accession au trône du roi Mohamed VI, et le caractère policier du régime. 
Le pouvoir ne peut plus continuer à user de l’arbitraire en espérant que la peur qu’il inspire via la répression et l'intimidation le maintiendra en place.








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