lundi 25 novembre 2019

le rappeur marocain Gnaoui condamné à un an de prison ferme


Le rappeur Mohamed Mounir, alias Gnaoui, a été été condamné aujourd’hui à un an de prison ferme par le tribunal de 1ère instance de Salé pour "outrage et injure envers des fonctionnaires de la police dans l'exercice de leurs fonctions". Il doit également verser une amende de 1000 DH (94 euros).



Les autorités marocaines maintiennent leur version selon laquelle l'arrestation concerne une ancienne vidéo dans laquelle le rappeur insulte la police.
Mais il n'en reste pas moins que Gnaoui a été arrêté le 1er novembre deux jours après la sortie de son titre "3acha acha3b" "Vice le Peuple" dans lequel il critique les autorités marocaines et dénonce la corruption, la torture et l'injustice en faisant référence au Rif et leurs revendications. Gnawi ironise également sur l'éradication de la pauvreté du pays en 2020 "parce que tout le monde sera parti".

A ce jour cette vidéo totalise plus de 15 millions de vues. 
Le pouvoir marocain ne peut plus continuer à emprisonner pour faire taire les oppositions et revendications qu'elles viennent du Hirak Rifain, des stades de foot, des rares journalistes indépendants ou de la chanson.



"L’arrestation du rappeur marocain Gnawi représente une atteinte flagrante à la liberté d’expression. Il est manifestement sanctionné pour avoir exprimé des opinions critiques à l’égard de la police et des autorités." Heba Morayef, directrice du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord à Amnesty International.




dimanche 17 novembre 2019

Vive le peuple 3ACHA CHA3B

Quand on chante en grattant les symboles du pouvoir, on finit d'une manière ou d'une autre à la case prison même si le pouvoir jure, la mains sur le coeur que ça n'a rien à voir. 

Le pouvoir oublie juste que les révoltes naissent de l'injustice et qu'emprisonner ceux qui dénoncent cette injuste ne fait qu'isoler un peu plus le pouvoir. 

https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/11/15/au-maroc-un-rappeur-auteur-d-un-titre-critique-juge-pour-insulte-a-la-police_6019265_3212.html




Au Maroc, un rappeur auteur d’un titre critique jugé pour insulte à la police


Dans un morceau dont les paroles attaquent directement le roi, le chanteur Gnawi dénonce « l’injustice » et « l’accaparement des richesses ».



Le rappeur marocain Gnawi, coauteur d’un titre polémique sur le désespoir de la jeunesse de son pays, a comparu jeudi 14 novembre devant le tribunal de Salé, près de Rabat, pour « outrage à fonctionnaire public » et risque deux ans de prison. Selon son avocat, le chanteur de 31 ans est poursuivi, non pas pour des insultes à la police, mais à cause de la chanson Vive le peuple (Aach al chaab, en dialecte marocain) qui cumule désormais plus de 13 millions de vues sur YouTube.

Ce titre, qui reprend des slogans scandés dans les stades, dénonce « l’injustice » et « l’accaparement des richesses ». Surtout, les paroles attaquent directement le roi, ce qui constitue, selon les médias marocains, un franchissement très net de ce qu’on appelle au Maroc les « lignes rouges ».
En détention préventive

Les autorités marocaines assurent cependant que l’arrestation du rappeur, le 1er novembre, « n’a rien à voir avec la chanson » mais est liée à la diffusion d’une vidéo dans laquelle il insulte la police, comme l’a expliqué à l’AFP un porte-parole de la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN). Cette dernière s’est portée partie civile car elle a « subi un tort en tant qu’institution », selon son avocat Abdelfettah Yatribi.
Gnawi se trouve en détention préventive depuis son arrestation, survenue au lendemain de la mise en ligne de son dernier titre, coécrit avec deux amis rappeurs pour protester contre la situation sociale et la corruption au Maroc. L’affaire a suscité des flots de commentaires indignés sur les réseaux sociaux. « Les poursuites judiciaires engagées contre lui constituent une atteinte flagrante à la liberté d’expression », a estimé Amnesty International dans un communiqué publié mercredi, à la veille du procès.

Après une audience rapide consacrée à des questions de procédure, le tribunal de Salé a renvoyé l’affaire au 25 novembre. Les juges devront se prononcer d’ici là sur la demande de remise en liberté déposée par l’avocat du rappeur, Me Mohamed Sadkou. 





lundi 4 novembre 2019

Nasser Zefzafi enregistre un message audio de la prison marocaine de Ras El Ma






Depuis le Jeudi 31 octobre un enregistrement audio est largement partagé sur les réseaux sociaux. Une voix claire, forte, un arabe littéraire parfait parsemé de dialecte marocain, c'est Nasser Zefzafi qui parle, cet audio a fuité de la prison Ras El Ma à Fès où il purge une peine de 20 ans. 
Il réagit à ce qu’il appelle un "crime odieux" à savoir le groupuscule qui a brûlé le drapeau marocain en marge de la manifestation parisienne du 26 octobre en hommage au 3ème anniversaire de la mort de Mohcine Fikri
Nasser Zefzafi se désolidarise de cet acte et prévient que quiconque se réclamant du Hirak ne peut en aucune manière user de la violence ou de l'humiliation d'autrui, "nous n’accepterons pas que les sentiments des Marocains soient touchés, que ce soit en brûlant le drapeau national ou des images. Cet acte émane de l’ignorance et la haine de ceux qui veulent devenir légitimes pour parler au nom du Hirak" 
Il rappelle que les revendications du Hirak sont pacifiques, sociales et économiques, "nous ne sommes pas sortis pour brûler le drapeau national mais pour combattre l’injustice ". Il remercie ses soutiens et rend hommage à la presse libre. Il met en garde contre la division du mouvement par le pouvoir et par "les traîtres" infiltrés dans le mouvement.

Nasser Zefzafi revient sur la répression du Rif en 1958. Il réfute les accusations de séparatisme utilisées pour décrédibiliser le Hirak, "Nous sommes sortis pour cette patrie, nous nous sacrifierons pour cette patrie, nous mourrons pour cette patrie"

Il revient sur son arrestation le 29 mai 2017, son viol, les tortures et les conditions de détention inhumaines, "les policiers m’avaient roué de coup, craché dessus, mis à terre et enlevé mes vêtements. Ils avaient sorti leurs organes génitaux pour m’uriner dessus. Ils avaient frotté leurs pénis contre mon visage. Alors que j’étais menotté, ils m’ont mis un bâton dans l’anus" .

A la suite de la fuite de cet enregistrement le directeur de la prison a été limogé et des fonctionnaires suspendus. Nasser Zefzafi et les autres prisonniers du Hirak ont été transférés dans plusieurs prisons. Ils sont à l'isolement pour 45 jours sans visite ni contacts téléphoniques. Les familles parlent d'actes de torture depuis jeudi sur les détenus qui envisageraient une grève de la faim.

Aujourd’hui, 4 novembre, Nasser Zefzafi a 40 ans. A travers cet audio on perçoit un homme combatif qui a foi en la légitimité du mouvement Hirak. 

Le Maroc continue à répondre aux contestations et revendications pacifiques par la répression et par des procès kafkaiens. Plusieurs organisations de défense des droits humains ont pointé l'inquiétante augmentation des prisonniers politiques depuis l'accession au trône du roi Mohamed VI, et le caractère policier du régime. 
Le pouvoir ne peut plus continuer à user de l’arbitraire en espérant que la peur qu’il inspire via la répression et l'intimidation le maintiendra en place.